dimanche 30 octobre 2016

Le Phare de la Vieille. Pointe du Raz. Ou la véritable histoire de la Ville d'Ys...

 

Le Phare de la Vieille. Pointe du Raz.

Ou la véritable histoire de la Ville d'Ys...


A propos du Phare de la Vieille, un site que je me suis souvent plu à peindre,il faut savoir que, mise à part la beauté incontestable de l'endroit, c'est l'un des coins de France les plus dangereux au monde!

 Ne dit-on pas qu'entre l'Ile et la Pointe, c'est le cimetière des hommes, selon un célèbre proverbe breton?


Mais bon, rien n'arrive par hasard, diront ceux qui prêchent la physique cantique, et les autres qui parlent de malédiction...

Il faut dire aussi que l'histoire avait mal commencé et a donné lieu à bien des versions.

C'est un peu logique puisqu'à l'époque où les faits se sont déroulés, les stylos n'existaient pas, et encore moins la parole écrite. On se transmettait les choses de la vie et les événements marquants par le verbe...

Parait-il que si l'endroit est maudit, c'est par la faute d'une femme, la fille du roi Gradlon. 


Après la mort de sa maman, la petite était si aimée et si choyée par son papa de roi, que ce dernier fit construire, rien que pour lui faire plaisir, une ville qui donnait l'impression de naviguer sur les flots.

La Ville d'Ys dont seul, le généreux papa, le roi Gradlon, possédait la clef et alors, là, pas question de la refiler à qui que ce soit, même pas à sa fille chérie...

Voici l'histoire, la vraie, telle que je l'ai entendue de la bouche d'une vieille femme de pêcheur:


Tout le monde vivait heureux dans cette ville splendide, protégée des vents et des tempêtes par de puissantes murailles que des centaines de milliers d'ouvriers, sous la férule de korrigans impitoyables, avaient érigées, l'histoire ne disant pas au prix de combien de vies.

Chaque jour, des fêtes orgiaques avaient lieu et les visiteurs aussi bien que les habitants y menaient une vie totalement dissolue.

Souvent d'ailleurs, Saint Guénolé venait y faire un tour. Pas pour le plaisir, c'était un saint.

Saint Guénolé exhortait les habitants à un peu plus de tenue, sous peine de voir leur ville d'Ys détruite par les foudres divines.

Mais comme à chaque fois que quelqu'un prévient d'une catastrophe imminente, le saint était hué et on le priait d'aller voir ailleurs...

La ville n'était-elle pas construite de façon à résister à tous les assauts, qu'ils fussent marins ou célestes?

La petite princesse, de son côté, avait grandi. 


C'était devenu une jolie jeune femme. Comme elle aimait les hommes et qu'il était hors de question qu'elle eût une relation suivie, elle avait fait un pacte avec l'océan.

Elle serait sa fiancée éternelle et, en échange, la mer lui livrait tous les matins les navires échoués et leur richesse. Ne restait plus à la princesse qu'à choisir parmi les échoués, soit un marin égaré, soit un fier chevalier qui ne savait pas dans quelle galère il allait se fourvoyer.

Croyant à un jeu coquin, et tout émoustillé, le fiancé éphémère enfilait de bon cœur le masque que la princesse avait préparé pour le rituel. Au petit matin, clac! le masque se resserrait autour du cou du malheureux et en quelques instant, il passait de vie à trépas.

On nettoyait tout, pendant qu'un sbire de la princesse emportait le corps et allait le balancer par-dessus les flots, loin derrière la Baie des Trépassés.

Mais voilà qu'un jour, il arriva à la jolie ville d'Ys, un cavalier qui n'entendait pas se laisser conter fleurette aussi facilement.

A force de minauderies et de battements de cils, la jeune femme réussit à l'attirer dans sa chambre. Mais alors qu'il lui caressait les cheveux de ses longs doigts crochus, une énorme bourrasque fit trembler la ville entière.

Bravache, Dahut (c'était le nom de la princesse), souffla:

"Même pas peur, c'est mon père qui a les clefs..."

 Ce à quoi le chevalier rétorqua que son père était sénile et que c'était à elle, belle, jeune et intelligente, que revenaient les clefs. Elle pourrait les lui voler pendant son sommeil...

La princesse orgueilleuse ne se le fit pas dire deux fois. Mais ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est le gigantesque tsunami s'abattant sur elle dès qu'elle eut la clef entre les mains.

Le roi, en se réveillant, s'aperçut que la digue protégeant la citadelle s'effondrait, que Dahut suffoquait sous des trombes d'eau et qu'elle le suppliait de l'emmener loin d'Ys.

Alors, il siffla sa monture, un dragon des mers, jeta sa fille sur la croupe et tenta d'échapper à l'océan déchaîné.

Ils étaient encerclés de toutes part par des vagues énormes, et soudain, au cœur de la tempête, apparut, tel un spectre, le chevalier si mystérieux que la princesse avait tenté plusieurs fois de séduire et qu'elle n'avait pas reconnu.

Gast! C'est Saint Guénolé! s'écria le roi, réalisant qu'il avait quitté son refuge contre les tempêtes et représailles de toutes sortes. Il n'était plus qu'un pauvre hère balancé par les tumultes des flots, le poids de sa fille dans le dos.

"Ha! tonna Saint Guénolé, Gradlon, tu n'as plus les clefs de ta ville pour te protéger! Regarde ce que j'en fais, de ta ville! Et si tu veux pas finir en repas du soir pour les poissons, balance ta criminelle de fille dans l'eau! 

Désarçonné, le roi perdit l'équilibre, se retourna et vit sa ville et tous ses habitants s'enfoncer dans la mer.

La princesse tomba dans l'eau. De colère, à voir tout le gâchis qu'une simple clef avait causé, Gradlon donna un puissant coup de pied à sa fille qui fut définitivement engloutie dans l'océan qu'elle aimait tant autrefois.

Pour la punir de tous ses crimes, elle fut alors condamnée à errer dans les environs, embrassant d'un baiser mortel le premier pêcheur qui s'égarait par-là.

Ainsi, depuis la nuit des Temps et pour l’éternité, plus jamais elle ne pourrait céder aux plaisirs de la chair. A peine embrassé, l’infortuné marin mourrait...

Gradlon, lui, fila vers Quimper, petite ville située dans les terres. Il ne voulait plus jamais voir ni la mer ni ses rochers.

Après bien des déboires, il se reconvertit en gentil hôtelier, fit fortune, oublia sa fille, devint un notable puissant à qui l'on finit par confier les clefs de la ville.

Quand il fut mort, on érigea une statue en son honneur, pour le remercier d'avoir si bien développé le tourisme dans la ville de Quimper. 

CQFD: l'amour paternel tient parfois à bien peu de choses... 



Des centaines d'années plus tard, on décida de construire un phare qui permettrait aux navires et aux marins en détresse de ne plus croiser le chemin de la princesse au baiser mortel. Il fallut pas moins de dix ans, pour le terminer et le renforcer.

On l'appela: le Phare de la Vieille...



Poster Edition d'artiste. Le Phare de la Vieille
Aquarelle N.Pastor. Le Phare de la Vieille.




 Je suis artiste peintre autodidacte depuis 35ans.

Les techniques que je privilégie sont l'aquarelle et toutes les techniques miscibles sur papier.



 Une petit bio? 



Je suis artiste peintre autodidacte.

Peintre de la rue et du métro, je n’ai participé à aucun concours ni aucun salon.

Je n’ai reçu aucune récompense, si ce n’est celle des passants…



 1958. 


 Je suis née en 1958 à Marseille, de parents d’origine espagnole.

Ma grand-mère paternelle, issue d’une famille de vignerons jurassiens, avait épousé mon grand-père, fermier colon installé au Maroc, par le biais d’une petite annonce aperçue dans une « gazette » de l’époque.

Je suis venue au monde quelques trente ans plus tard, d’une mère d’origine hispano-brésilienne au caractère fantasque et d’un père qui avait toujours la bougeotte.

C’est ainsi que nous avons déménagé une bonne dizaine de fois jusqu’à mes quatre ans, essayant tour à tour le Canada, les États Unis, ou la France comme Terres de Cocagne.

Cependant, les efforts de mon père pour aller faire fortune ailleurs que sous la férule de son père, se soldant chaque fois par des échecs cuisants, nous revenions toujours à la jolie petite ferme rose que j’aimais tant.



1964. 


J’avais six ans quand mon enfance s'est évaporée.

Depuis, je suis toujours en quête de ces souvenirs qui ont bercé des générations d'adultes.

Je suis donc une voleuse de souvenirs, entrant dans des intérieurs parfois sombres et poussiéreux, souvent austères, et par la force du rêve, j'imagine des enfants posés là, faisant des bêtises ou réclamant un signe de tendresse.

Je dessine des grands-mères au front bienveillant, au caractère facétieux, souvent dans des situations, on va dire "cocasses".


1974.


 Je quitte l'école, ou plutôt, l'école me délaisse.

Alors que je poursuivais une tranquille scolarité, passionnée de français, de langues mortes, d'histoire et de dessin, une catastrophe est survenue dans mon existence de collégienne qui aura des répercussions terribles pour le restant de ma vie.

Ce fut l'arrivée des maths modernes!

J'ai cru à une mauvaise blague et, dès les premiers cours, je me suis totalement désintéressée d'ensembles qui n'existaient pas, de lettres additionnées les unes aux autres et qui, soi-disant, donnaient la résolution d'un problème extrêmement complexe.

Mais, vous dites-vous, on s'en fiche. Les maths modernes, c'est dépassé!

Hé ben non, pas en 1971 et des poussières!

Prof de français-latin, tu ne peux pas. Entrer aux Beaux arts, c'est impossible. l’École Hôtelière, non.

Furent les réponses que m'opposa mon prof principal à l'issue de la troisième, ponctuant chacune de ses phrases par des "t'es nulle en maths"...

Faut dire qu'il avait inventé, avec moi, un nouveau concept de notation des devoirs, les miens le faisant pleurer de rire parfois: les -2, -3, -10, -20, estimant que le zéro de la voisine était plus mérité que le zéro de mon devoir.

Affublée d'un bégaiement m'obligeant, par la cruauté des adolescents de ma génération, à la solitude, traînant une valise de complexes et de non-dits, j'abandonne mes rêves d'études.

Sans bagage, je rentrai dans la vie active en multipliant tous les petits boulots qui étaient à ma portée.


 1983.


 Sur un coup de tête, je décidai de quitter mon dernier emploi pour la peinture.

Totalement inculte, je me suis mise en peinture comme d’autres entrent en politique ou en religion: avec ferveur.

Dès que je commençais à peindre, mes complexes, mes peurs, mon marasme s’atténuaient. Il suffisait d’un peu d’eau pour faire chanter les couleurs.

C’était magique…

Pour vivre alors, je vendais mes peintures dans la rue et dans le métro.

Les débuts ne furent pas aisés, Je faisais des toutes petites miniatures de paysages que j’imaginais à partir d’illustrations en noir et blanc issues du magazine: La Gazette de l’Hôtel Drouot.

L’hebdomadaire, pour un prix plus que modique, regorgeait de peintures en tous genres que je revisitais avec plus ou moins de bonheur.

Je vendais ces tout petits morceaux de papier entre 20 et 30 francs (3 et 4.50€) et souvent on me les achetait pour me faire plaisir.

L’important était que j’aie assez d’argent pour payer ma chambre d’hôtel chaque soir.


1985


 Février.


 J’ai découvert un tout petit coin de Bretagne!

Ma première vision de la Bretagne fut l’aube qui effaçait les limbes de la nuit sur les dunes de Tréguennec, berceau par excellence du Pays bigouden.

Ce fut un choc sans précédent.

Les ciels de plomb ou de pastel, les arbres couchés par les tempêtes, les contrastes saisissants, les maisons aux murs couleur de lait et aux toits noirs, la végétation si luxuriante que c’en était presque indécent, les pierres racontant chacune une histoire, les gens si vrais, si authentiques!

Enfin, je trouvai ici matière à rêver et imaginer des tas de choses...

Je tombais littéralement sous le charme!


 1991.


 C’est un soir de l’hiver 1991, alors que tout allait mal, que ma grand-mère est arrivée, surgissant du néant.

Griffonnée au stylo à bille sur une feuille de papier à carreaux, elle avait une coiffe presque aussi haute qu’elle et un tablier suffisamment ample pour y absorber les peines des enfants.

Ce n’était qu’une grand-mère de bande dessinée mais dans ses yeux de papier, je pouvais y mettre toute la lumière que je voulais…


 1993.


 Pendant six années, ma grand-mère m’a suivie partout, rangée entre des paysages nostalgiques et des portraits d’enfant.

Petit à petit, d’année en année, j’avançais. Les passants finirent par me dire de plus en plus souvent que ma place n’était pas dans la rue.

Mais par manque d’assurance, et parce que les rares tentatives pour aller prospecter des galeries se soldaient par des refus teintés de mépris, je préférais la facilité et m’installer sur mon petit bout de trottoir.

Là, il me suffisait de baisser la tête, commencer à peindre pour tout oublier autour de moi.


 Automne 1997. 


 Je rêvais tellement de la Bretagne que je finis par m’y installer, en me demandant avec incertitude de quoi j’allais vivre…


 Eté 1998. 


 A la suite de quelques expos qui rencontrèrent un petit succès, j’ouvris une petite galerie à Quimper.

Mes sujets étaient variés, allant de paysages bucoliques à des portraits d’enfants ou des scènes intimistes mais c’étaient mes aquarelles de bigoudènes qui suscitaient l’enthousiasme.


 1998-2016


 L’aventure commençait… 


Un dessin de Bigoudenes en cours. Nicole Pastor
Dessin en cours.